La Covid-19 et le confinement imposé par le gouvernement ont eu un impact important sur l’avancée et la tenue de nombreux chantiers. Si depuis le 16 mars 2020, ces derniers sont à l’arrêt, le 11 mai 2020 marque un virage important pour leurs reprises.

Les chefs de projets doivent cependant totalement revoir l’organisations des chantiers afin de répondre aux gestes barrières mis en place pour prévenir de la propagation du coronavirus.

Pour l’occasion, nous avons interrogé Eve Schadeck, cheffe de projets à la DC3 et en charge de l’opération Mouzaïa, afin de nous présenter les particularités de cet arrêt conséquent ainsi que les mesures mises en place pour la reprise de ce chantier.

Retour sur le programme Mouzaïa

 

Ce programme majeur pour la RIVP concerne 2 bâtiments voisins : le N°58 qui regroupe une résidence universitaire de 103 logements, 65 logements pour jeunes travailleurs, 14 ateliers-logements destinés à des artistes ainsi que 90 places pour du co-working ; et le N°66, actuellement en chantier, qui accueillera 126 places en centre d’hébergement d’urgence, géré par l’Armée du Salut.

Alors que le N°66 est encore en phase de réhabilitation, la rénovation du N°58 est à présent terminée.
Les résidents de l’Armée du Salut ont déménagé de façon temporaire dans cette résidence afin d’assurer une continuité de service en faveur des personnes les plus en difficulté.

Conçu par les célèbres architectes Claude Parent et André Remondet, le N°58 est un bijou parisien de l’architecture appelée « brutaliste ». Ce type de bâtiment se caractérise principalement par l’utilisation du béton brut comme matériau de construction.
Les nombreuses œuvres de street art, conservées et mises en valeur dans les différents espaces de la résidence pour étudiants et jeunes travailleurs, rappellent l’histoire du lieu. Anciennement squatté par de nombreux artistes qui ont utilisé ce lieu comme véritable atelier, le N°58 abrite de nombreuses peintures, fresques et pochoirs dans tous ses étages et sous-sols.

Interview

Quel a été l’impact d’un tel arrêt pour le chantier et ses acteurs, ses occupants ? Le CHU a-t-il par exemple été impacté ?

« Suite à la publication du décret du 16 mars 2020, les travaux ne pouvaient plus se poursuivre, et nous avons dû organiser dans un premier temps, avec l’entreprise GTM et maître d’œuvre (MOE), Canal Architecture, la sécurisation chantier. Un travail de concertation avec le MOE, l’entreprise et Coordonnateur sécurité et protection de la santé (CSPS) a ensuite rapidement été mis en place pour définir les conditions de retour sur le chantier, conformément aux nouvelles exigences en matière de santé publique. S’est ensuivi un travail de mise à jour et de validation des divers documents administratifs liés à la santé et la sécurité, permettant d’autoriser GTM à modifier ses installations de chantier début mai.
L’impact du confinement imposé par le gouvernement se traduit aujourd’hui financièrement, par des coûts supplémentaires et des délais supplémentaires, mais il est impossible de l’évaluer avec précision pour le moment.

En ce qui concerne les occupants du bâtiment voisin, le n°58, ne sont pas directement impactés. En revanche, les retards prévisibles du chantier vont reporter le ré-emménagement du CHU au 66, et donc l’arrivée des étudiants au 58 ».

Quelles sont les précautions mises en place sur le chantier pour la reprise du chantier ?

« Elles sont nombreuses et contraignantes afin de garantir la sécurité des personnes, parmi les plus significatives : effectif divisé par trois, désignation d’un référent covid-19, émargement des personnes présentes sur le chantier quotidiennement, distribution de protections individuelles, distribution de gel hydro alcoolique, mise en place d’un sens de circulation sur le chantier afin qu’il n’y ait pas de croisement, nettoyage renforcé de la base vie, affichage des consignes. Les équipes de GTM veillent à ce que l’ensemble de ces mesures soient respectées. Le CSPS effectue des contrôles ponctuels et aléatoires ».

Comment s’effectue la reprise du chantier et comment les équipes s’adaptent-elles ?

« Le fonctionnement habituel du chantier, déjà très règlementé, se complexifie davantage par l’application des mesures citée ci-dessus. En outre, l’encadrement des sous-traitants doit être renforcé et des attestations sont à transmettre quotidiennement pour s’assurer que l’ensemble des mesures et des gestes barrières sont bien respectés. Les équipes de GTM et leurs sous-traitants étaient néanmoins très impliqués dans les discussions amonts avec le MOE et le CSPS qui ont permis de définir les conditions de retour sur le chantier. Ils étaient très enthousiastes à l’idée de poursuivre les travaux et il semble qu’ils se soient adaptés très rapidement aux nouvelles règles, bien que je n’ai pas encore pu le vérifier moi-même ».

Cet arrêt de chantier a dû faire évoluer le calendrier. Quelle sont les nouvelles dates importantes ?

« Pour le moment nous ne pouvons pas encore déterminer quel sera l’impact réel du covid-19 sur la durée du chantier. A ce stade, nous savons que la réception sera décalée d’autant de jours que le confinement a duré. Nous savons également que des allongements sont à prévoir du fait notamment de l’effectif réduit sur le chantier ».